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En finissant de vider ma PàL cet été, j’ai osé m’attaquer à un monument autour duquel je tournais avec une certaine appréhension depuis pas mal de temps déjà : Le nom de la rose. Je pensais me casser les dents dessus, mais j’y ai finalement pris goût, au point de l’emmener à la maternité et de le finir en salle de travail (heureusement que Micro-Vert n’était pas pressé !).
Je ne sais pas s’il est très utile de présenter ce roman ou son auteur, éminent auteur et universitaire italien. Même si on n’a pas forcément lu le livre, on connaît généralement Le nom de la rose par le biais de son adaptation cinématographique réalisée par Jean-Jacques Annaud.Le nom de la rose met en scène une enquête pour élucider une série de meurtres dans une abbaye bénédictine au XIVe siècle. L’histoire est racontée par Adso, un jeune moine qui tient lieu de secrétaire à Guillaume de Baskerville, un ancien inquisiteur en mission diplomatique pour résoudre un conflit théologique.
Ce roman est donc un polar médiéval en apparence, mais c’est aussi un récit historique qui donne à voir par le biais d’une simple rencontre diplomatique la complexité des relations politiques de l’époque et leurs liens étroits avec la religion.
Le nom de la rose est un livre d’une grande richesse et d’une immense érudition (parfois un peu trop). Outre les fameux dialogues en latin non traduits (qu’on ignore assez facilement en fait, tels des gueux de l’époque ne parlant pas un mot de cette langue érudite), c’est peut-être ces longues descriptions des lieux, des œuvres et des conflits de l’époque qui m’ont parfois un peu perdue. Je l’avoue, il m’est même arrivé d’invoquer le 2e droit du lecteur et de sauter quelques passages.
Cependant, même en ayant l’impression de n’avoir compris que 10 % des subtilités de ce livre qui déborde de symboles et de références, j’ai beaucoup aimé cette lecture. L’intrigue policière est excellente, avec ces meurtres soignés qui s’enchaînent. Le lieu où se déroule l’action est fascinant, forcément : comment voulez-vous que je résiste à une bibliothèque avec un plan de classement de fou furieux ?
Mais ce qui m’a vraiment fait apprécier ce roman, c’est à quel point il casse l’image du Moyen-Âge comme période d’obscurantisme : le jeu des relations diplomatiques montre toute la complexité de la géopolitique de l’époque de même que le conflit théologique autour de la pauvreté du Christ qui est au cœur du roman.
Le sujet peut nous sembler dérisoire aujourd’hui, mais à une époque où la religion occupait une place prépondérante, les conséquences n’ont rien d’anodin. Il est absolument fascinant de voir les protagonistes réfléchir et débattre sur le sujet avec des argumentaires extrêmement construits où s’accumulent les références.
On se sent un peu couillon du haut de notre XXIe siècle, à s’engueuler au moindre tweet sans jamais être capable de débattre paisiblement, alors que la plus grande base d’informations du monde est en permanence à portée de main.
C’est l’enseignement que j’ai tiré de ce livre, mais il y en a certainement bien d’autres, et compte tenu de la richesse de ce petit pavé, je pense que chacun y trouvera quelque chose de différent. N’hésitez donc pas à tenter l’aventure si vous êtes curieux.
Quant à moi, je me sens désormais capable de tenter la lecture de [anatèm] de Neal Stephenson, vu que j’ai vu passer de très nombreuses références au Nom de la rose dans les chroniques (mais bon, ça ne sera pas tout de suite, je n’ai pas le cerveau pour en ce moment !)
Infos utiles : Le nom de la rose (Il nome de la rosa) est un roman de Umberto Eco publié en 1980 et traduit en français par Jean-Noël Schifano en 1982. J’ai lu l’édition Livre de poche de 2005. Couverture de l’Atelier graphique Pierre Faucheux. 542 p.
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