J’avais beaucoup entendu parler de ce roman lors de sa sortie en 2018, et sa présence dans le top des incontournables récents a renforcé mon envie de le lire. Comme vous le savez, l’été est propice aux aventures spatiales, et je n’ai absolument pas regretté le voyage proposé.
Dans la toile du temps nous emmène dans un futur où l’Humanité est partie à la conquête des étoiles. Des campagnes de terraformation voient le jour, accompagnés de projets d’élévation qui visent à peupler ces planètes de créatures intelligentes.L’un d’eux, le « Monde de Kern » est destiné à être peuplé par des singes rendus plus intelligents grâce à un nanovirus. Mais lorsque le vaisseau Brin 2 (joli clin d’œil) arrive dans le système pour lancer l’opération, tout se ne déroule pas comme prévu et ce sont finalement d’autres espèces qui vont bénéficier du nanovirus.
En parallèle de la lente évolution des habitants du monde de Kern vers l’intelligence, la Terre est secouée par des nombreux conflits qui laissent la planète impropre à la vie. Les derniers survivants finissent par embarquer à bord de vaisseaux en quête d’un nouveau lieu de vie… qui pourrait être le monde de Kern. Nous voilà donc partis sur deux intrigues qui vont s’entrecroiser.
D’une part nous suivons la lente évolution d’une espèce vers l’intelligence, la façon dont elle construit sa technologie et se constitue en société, rencontrant les mêmes aléas que les humains mais avec des approches et des choix parfois proches, parfois différents.
C’est absolument fascinant à suivre, avec des concepts vraiment étonnants (j’aime beaucoup le substitut à l’informatique notamment). Adrian Tchaikovsky fait vraiment un beau boulot pour créer une espèce intelligente nouvelle, vraiment autre par le fait qu’il ne s’agit pas de mammifères.
D’autre part, nous suivons les derniers humains qui cherchent désespérément une nouvelle planète. Les distances entre les étoiles étant ce qu’elles sont, ce sont des voyages qui prennent du temps. On flirte donc avec le concept de vaisseau générationnel, tout en conservant quelques personnages en état de stase réveillés ponctuellement, témoins de l’ensemble du voyage.
Cette deuxième intrigue est intéressante mais nettement moins réjouissante : la fin de l’Humanité, ce n’est pas forcément beau à voir, d’autant plus que le vaisseau est loin d’être peuplé de personnages attachants.
Cependant cela offre un pendant très intéressant, et la façon dont le roman alterne entre les deux histoires, toutes deux vertigineuses par leurs échelles de temps, mais pas pour les mêmes raisons, rend la lecture très prenante.
Le résultat est un livre passionnant qui fait aussi beaucoup réfléchir sur le rapport à l’Autre, les choix difficiles qu’on fait pour assurer sa survie et sur le fait qu’en matière d’évolution et de construction d’une culture, on retrouve un peu toujours les mêmes écueils, sans pour autant être obligé de les aborder de la même façon.
Dans la toile du temps est donc un excellent roman qui exploite avec brio quelques-unes des plus belles thématiques de la science-fiction. C’est un livre qui fait voyager, qui émerveille et qui se révèle très riche en réflexions. Une belle découverte donc, qui donne envie de se pencher sur les autres romans d’Adrian Tchaikovsky
Infos utiles : Dans la toile du temps (Children of Time) est un roman de Adrian Tchaikovsky sorti en 2015 en VO et en 2018 en français aux éditions Denoël, avec une traduction de Henry-Luc Planchat. J’ai lu l’édition Folio SF sortie en 2019. Couverture de Johann Bodin. 686 pages.
D’autres avis : Le chien critique, Le dragon galactique, Les lectures du Maki, Lorhkan et les mauvais genres, Un papillon dans la Lune, Le post-it SFFF, Quoi de neuf sur ma pile
0 Commentaires