J’ai fait un truc un peu fou au mois d’octobre. Moi qui galère sur mes lectures en ce moment, j’ai voulu boucler ma lecture du cycle de Terra Ignota avant les Utopiales. Et j’ai réussi ! Certes, c’était loin de la lecture posée que je faisais jusque-là de cette série, mais cela ne m’a pas empêché d’en apprécier la conclusion.
L’alphabet des créateurs et Peut-être les étoiles forment en anglais un seul volume (sous le titre Peut-être les étoiles), j’ai donc choisi de les lire à la suite et de les chroniquer ensemble. Je signale néanmoins que la coupure entre les deux est faite à mon avis au meilleur endroit possible, et que l’autrice fournit une liste des personnages actualisée pour le volume 5. C’est donc un bon découpage.Trop semblable à l’éclair et Sept redditions racontaient l’histoire des Jours de Transition, ou la fin d’une Utopie. La volonté de se battre nous expliquait comment commencer une guerre. Assez logiquement, L’alphabet des créateurs et Peut-être les étoiles mettent donc en scène la Guerre.
Comme je le disais en introduction, alors que j’avais pris mon temps pour lire les premiers tomes de la série (je prenais même des notes sur chaque chapitre !), j’ai lu ces deux tomes d’une traite et sur un temps très court (moins de trois jours pour Peut-être les étoiles). Comme je n’ai pas pu poser mes idées par écrit immédiatement, parler de cette lecture est une vraie galère (une Odyssée même ;).
Alors plutôt que de tenter l’impossible chronique, je vais plutôt vous lister tout ce que j’ai aimé dans ces deux tomes :
- Le changement de narrateur qui vient amener une nouvelle perspective. Déjà que les trois tomes précédents étaient riches en moments du genre « attends, mais Mycroft n’avait pas dit que… » mais là c’est encore plus fréquent. Accessoirement comme c’est le nouveau narrateur qui ouvre le tome 4 et qu’il a un style plus simple, on se remet beaucoup plus facilement dans le bain.
- La façon de mettre en scène la guerre non pas « en direct » mais majoritairement par des comptes rendus et des témoignages (avec tous les problèmes de fiabilité que cela soulève), ce qui donne un récit très juste qui se concentre moins sur les batailles que sur l’évolution des forces en présence et sur la façon dont cette société réinvente la guerre
- L’émotion qui accompagne le destin de certains personnages. C’est assez marrant parce que je me rappelle m’être dit à la lecture du tome 3 que certains personnages étaient plus des sortes de froides incarnations d’idées qu’autre chose. J’ai été ravie de m’être trompée quand mon cœur s’est serré dans certains passages.
Une histoire avec beaucoup de nuances de gris. Il n’est vraiment pas simple de prendre parti dans cette guerre, tant les arguments avancés par chaque camp sont pour la plupart justes… ou justifiables en tout cas (les actes, ça c’est une autre question… - Une histoire qui globalement tire vers le haut. Oui L’alphabet des créateurs et Peut-être les étoiles forment un récit difficile, parfois dur, mais même si Ada Palmer ne fait ni dans la naïveté ni dans le happy ending, elle semble déterminer à ouvrir des portes, proposer des choses et de manière générale son récit est assez lumineux, tout simplement (à l’image de son autrice en fait).
- Un récit de SF d’une grande richesse, qui imagine un futur incroyable, complètement différent de notre monde à nous, et qui comme tout bon récit de SF… parle en fait avec beaucoup de justesse de notre présent (et résonne bien avec certaines actualités)
- Un livre immense qui appelle à la relecture : clairement il y a des choses qui me sont passées au-dessus (notamment tout l’aspect un peu irrationnel ou le parallèle avec l’Iliade), mais j’espère un jour trouver le temps de relire le cycle pour y découvrir de nouvelles choses. Peut-être en audio ?
Voilà pour ces deux derniers livres qui viennent conclure le formidable cycle de Terra Ignota. Clairement si vous avez apprécié l’aventure jusque-là, vous devriez être convaincu par cette conclusion à la hauteur pour un cycle de grande qualité.
Et pour ceux qui hésiteraient à se lancer, le cycle de Terra Ignota n’est pas toujours une lecture facile (enfin surtout le premier tome à vrai dire), et c’est le genre de livre où il faut accepter de lâcher prise et de ne pas tout comprendre, mais c’est une histoire d’une intelligence et d’une richesse rare, qui sait ouvrir des perspectives.
Une belle lecture donc, et chapeau à Michelle Charrier qui a accompli un formidable travail de traduction (il y a d’ailleurs un entretien avec elle en fin de tome 5, un bel hommage).
Infos utiles : L’alphabet des étoiles et Peut-être les étoiles sont la traduction de Perhaps the Stars, roman de Ada Palmer paru en 2021 en VO. Les deux sont sortis en 2022 aux éditions du Bélial’. Traduction de Michelle Charrier. Couvertures de Amir Zand. 537 et 567 p.
Mon avis sur les autres tomes du cycle : Trop semblable à l'éclair (tome 1), Sept redditions (tome 2), La volonté de se battre (tome 3)
D’autres avis : Le dragon galactique (tome 4 - tome 5), L’épaule d’Orion, OmbreBones (tome 4 - tome 5), Quoi de neuf sur ma pile, Le Syndrome Quickson (tome 4 - tome 5)
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