Même si la plupart des critiques littéraires préfèrent utilisent tout un tas de figure de styles pour ne pas prononcer le mot interdit, il se murmure dans les couloirs de la blogosphère que le dernier prix Goncourt est un ouvrage de science-fiction. Alors forcément j’ai été curieuse et j’ai voulu me faire mon propre avis sur la question.
L’anomalie commence donc avec une petite galerie de personnages dont on découvre la vie, et dont le seul point commun est d’avoir partagé un vol Paris-New-York un peu turbulent. Rien d’exceptionnel me direz-vous, sauf quand une anomalie se produit : trois mois après l’atterrissage du dit vol, l’avion réapparait sur les radars et se pose à nouveau. Une copie à l’identique, avec à son bord des doubles de tous ses occupants.
Si je devais relever la plus grande qualité de L’anomalie, c’est son caractère extrêmement divertissant : avec ses petits portraits de personnages et son intrigue qui aurait tout à fait sa place (du moins au début) dans un film à gros budget, on rentre très facilement dans l’histoire.
Moi qui ai toujours pensé qu’un bouquin devait être très intellectuel et prise de tête pour obtenir un Goncourt, je m’attendais à une entrée en matière beaucoup plus fastidieuse. J’ai donc été très agréablement surprise, et donc obligée de réviser mes préjugés par la même occasion. Pour le reste, je suis un peu mitigée.
Il y a plein de choses que j’ai bien aimé : les rencontres entre les différents personnages, le jeu du « et si ? » entre les originaux et leurs doubles, les interrogations sur le réel et les histoires imbriquées (avec cet auteur qui écrit un roman qui porte le même titre que le roman qu’on est en train de lire).
Globalement j’ai plutôt pris plaisir à la lecture, mais le dernier tiers m’a laissé perplexe, avec une impression de non-résolution. C’est un peu comme si cette « anomalie » était un prétexte pour jouer avec les personnages, et que l’auteur se contentait d’une pirouette pour terminer son livre. Et c’est peut-être là où ce roman n’est pas un très bon roman de SF pour moi.
Ça ne fait pas de L’anomalie un mauvais livre (de toute façon qu’est-ce qu’un mauvais livre ?), mais il ne répond pas forcément à mes attentes. À vous de voir si cela cadre mieux avec les vôtres. Pour ma part je suis tout de même contente de l’avoir lu, ne serait-ce que pour avoir mon propre ressenti (et pour briller en société bien sûr).
Infos utiles : L’anomalie est un roman de Hervé Le Tellier paru en 2020 chez Gallimard. Couverture non illustrée (c’est ça la collection blanche de Gallimard !). 286 pages en numérique.
Pour la petite anecdote, j'ai emprunté ce livre en numérique et il y avait visiblement des anomalies dans le fichier vu comment j'ai galéré pour arriver à charger une version lisible sur ma liseuse (le fichier apparaissait même en double dans Adobe, quand la réalité rejoint la fiction...)
D’autres avis : Le chien critique, L’épaule d’Orion, Les lectures du Maki, Quoi de neuf dans ma pile,
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