Perles - Couverture
 
Il y a quelques années, j’ai découvert l’auteur taïwanais Chi Ta-Wei par le biais de son roman Membrane, que j’avais trouvé très intéressant à l’époque. Apprenant la sortie de son recueil de nouvelles cet automne, j’ai sauté sur l’occasion pour le découvrir.

Perles
se compose de six textes écrits pour la plupart entre 1995 et 1996. Seul celui qui ouvre le recueil est plus récent, il date de 2019 et marque le retour de l’auteur à l’écriture après une longue interruption de vingt ans.

Chaque texte est traduit par un traducteur différent pour donner « une idée de la polyphonie à l’œuvre dans l’écriture de Chi Ta-Wei » (dixit la préface, je trouve l'idée très intéressant), et il est accompagné d’une postface de l’auteur qui replace chaque texte dans son contexte.

Que trouve-t-on au menu de Perles ? Des histoires de sociétés futuristes, des histoires à connotation fantastique, des histoires de robots et même un texte à la deuxième personne (exercice toujours délicat).

On y parle en vrac de recomposition de la société, du rapport à la réalité, de consommation, de nourriture, d’identité, d’amour et de sexualité. L’auteur faisant partie des mouvements de défense de la cause homosexuelle à Taïwan, l’homosexualité est présente dans l’ensemble des nouvelles, avec un naturel que je trouve très agréable.

J’ai bien aimé la société humaine en reconstruction après une catastrophe de Perles. J’ai trouvé ultra-touchante la rencontre avec les époux/épouses robotiques de La guerre est finie. J’ai apprécié l’étrangeté des nouvelles L’après-midi d’un faune (avec son côté récit fantastique), Eclipse (plus SF, avec supplément insectes) et Au fond de son œil, au creux de ta paume, une rose rouge va bientôt s'ouvrir (drogues et perception de la réalité). Et j’ai trouvé superbe la variation sur la petite sirène dans La comédie de la sirène, un texte qui sait être à la fois sordide et léger.

Globalement j’ai trouvé l’ensemble très intéressant à lire, j’ai bien aimé le fourmillement d’idées et les sensations de décalage et de dérangement provoquées par certains textes. J’ai cependant eu l’impression de ne pas toujours tout saisir ou de bien comprendre où l’auteur voulait m’emmener.

Ce n’est donc pas un recueil que je recommanderais à tout le monde (lisez plutôt Membrane qui me semble plus accessible), mais si vous aimez les nouvelles et que vous avez envie de sortir de la SF occidentale et de vous confronter à des textes différents n’hésitez pas à y jeter un œil.

Infos utiles : Perles est un recueil de Chi Ta-Wei sorti en 2020 chez L’Asiathèque. Traductions des nouvelles réalisées par Olivier Bialais, Gwennaël Gaffric, Coraline Jortay et Pierrick Rivet. Couverture de Philippe Thiollier. 207 p.

Autres avis : De l’autre côté des livres, Just a word, RSF Blog

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