Vers les étoiles - Couverture

Quand on commence un roman encensé par ses blogopotes et lauréat d’un certain nombre de prix, c’est toujours un risque. Va-t-on aussi tomber sous son charme ? Le livre sera-t-il à la hauteur de nos attentes ? Pour Vers les étoiles, la conclusion a été étrange : si le roman n’a pas forcément répondu à mes attentes, il a néanmoins piqué mon intérêt pour d’autres raisons.

Vers les étoiles commence par une catastrophe : en 1952, une météorite s’écrase au large de la côte Est des États-Unis. Washington est rasé de la carte, des régions entières sont dévastées et le climat de la Terre est irrémédiablement modifié. En quelques années tout au plus, la température va devenir insurmontable. Un seul espoir : partir dans l’espace.

Nous allons donc suivre Elma York, l’héroïne du roman, qui échappe de peu à la catastrophe avec son mari. Cette ancienne pilote est un génie mathématique, ce qui lui permet de travailler comme calculatrice au sein du programme spatial. Mais son rêve, c’est de devenir astronaute pour partir dans l’espace… à condition que les femmes y soient autorisées.

De Vers les étoiles, j’attendais surtout une uchronie qui revisite les débuts de l’exploration spatiale et nous met des étoiles plein les yeux. Et là-dessus le programme est un peu trompeur : si en effet on vit les débuts de l’ère spatiale, on reste sur Terre. Cela pourrait être une déception, mais en fait non.

En faisant cela, Mary Robinette Kowal s’intéresse moins à l’exploit qu’aux nombreuses mains qui permettent aux astronautes de s’envoler vers l’espace, et se concentre sur les questions de discrimination, de racisme et de sexisme. Et là-dessus, Vers les étoiles est très bon. La quête d’Elma pour les étoiles n’est pas uniquement une sorte d’objectif personnel : elle veut aller dans l’espace, mais surtout elle veut que les femmes puissent y aller.

Je ne sais pas si ce roman aurait aussi bien fonctionné il y a dix ou vingt ans, mais aujourd’hui, le sexisme et le racisme primaires de nombreux personnages du roman saute aux yeux, et je suis admirative du parcours d’Elma et de ses collègues pour obtenir le droit de devenir astronaute, et être autre chose que des faire-valoir.

L’autre aspect que j’ai trouvé intéressant, c’est la façon dont le roman met en scène le changement climatique en mode accéléré : on retrouve les mêmes incompréhensions, la même façon de se cacher les yeux face au désastre. J’avais vu passé un article qui mettait en parallèle ce roman et le film Don’t Look Up, je comprends mieux pourquoi !

Même s’il ne part pas dans la direction que j’attendais, Vers les étoiles s’est révélé un roman très intéressant qui offre un autre aperçu des programmes spatiaux et pose d’excellentes questions sur les discriminations. Je suis bien partante pour continuer l’aventure aux côtés des ladies astronautes.

Infos utiles :
Vers les étoiles (The Calculing Stars) est un roman de Mary Robinette Kowal sorti en 2018 et publié en France en 2020 chez Denoël Lunes d’encre. Traduction de Patrick Imbert. Couverture de Matthias Haddad. 546 p.
Le roman s’inscrit dans un univers qui compte trois romans (deux traduits en français à ce jour) et un recueil de nouvelles, Lady Astronaut (que je vais chroniquer prochainement)

D’autres avis : Chut Maman lit, Le Dragon galactique, Les lectures du Maki, Les lectures de Shaya, L’ours inculte, Un papillon dans la Lune, RSF Blog